Publié le 24 novembre 2025 Mis à jour le 24 novembre 2025
le 10 novembre 2025
Campus Berges du Rhône
A 14h

Le roman paysan au XXe siècle : étude comparative du monde rural dans "Au pays du Cerf Blanc" de Chen Zhongshi et "Que ma joie demeure" de Jean Giono

ED3LA, CNU 18, Laboratoire Passages Arts et Littératures XX-XXI 

Ecole doctorale : Lettres mention Littérature générale et comparée
Directeur et directrice de thèse: François GÉAL et  Marie LAUREILLARD
 

Membres du jury :

  • M. François GÉAL, Université Lumière Lyon 2
  • Mme Marie LAUREILLARD, Université Paris Nanterre
  • M. Jean-Yves LAURICHESSE, Université Toulouse - Jean Jaurès
  • M. Philippe POSTEL, Université de Nantes
  • M. Baoqing SHAO, Université Bordeaux Montaigne
  • Mme Shuang XU, Université Paris Cité

Résumé :
Cette thèse propose une étude comparée du roman rural au XXe siècle à travers Au pays du Cerf blanc de Chen Zhongshi et Que ma joie demeure de Jean Giono. Dans deux contextes culturels et historiques éloignés, la Chine du Shaanxi et la Haute- Provence française, les deux auteurs interrogent la condition paysanne au moment où elle est confrontée à de profondes mutations sociales, économiques et politiques. Le monde rural y apparaît comme un espace de tensions : tradition et modernité, nature et industrie, valeurs ancestrales et révolutions idéologiques. Chen Zhongshi, inscrit dans le courant du roman xiangtu 乡土小说, dépeint avec un réalisme foisonnant l’affrontement entre la culture traditionnelle et la modernisation politique apportée par la révolution populaire. Giono construit, quant à lui, une œuvre où la poétisation de la nature et la vie communautaire s’opposent aux forces destructrices du machinisme et de l’urbanisation. Dans une deuxième étape, la thèse s’attache à la dimension mythique qui traverse ces récits et qui se déploie à travers des modes d’écriture distincts : le réalisme magique chez Chen, lié au mouvement de la « Quête des racines », et le réalisme merveilleux chez Giono, qui poétise le monde sensible. Le mythe apparaît ainsi comme un instrument permettant aux deux écrivains d’élever l’expérience paysanne au-delà du quotidien et de l’inscrire dans une dimension universelle. Dans ce cadre, le cerf, central chez Chen comme chez Giono, joue un rôle exemplaire : figure protectrice, médiatrice ou thaumaturge, il illustre la proximité troublante des imaginaires malgré l’éloignement des civilisations. Enfin, la troisième approche étudie la figure du paysan et le style rustique qui traversent ces deux romans. Chen et Giono mettent en valeur les travailleurs de la terre, mais aussi le rôle qu’on peut prêter à des visionnaires guérisseurs, ou encore à la résistance des femmes, et ils explorent le rapport singulier du monde rural au langage. Chen recourt au dialecte qu’il parle, celui de la région du Guanzhong, qui confère à son récit une authenticité enracinée dans le terroir ; Giono, au contraire, refuse délibérément l’usage du provençal, choisissant la langue littéraire consacrée qui transforme la Provence en espace mythique et poétique. Comparaisons, temporalité cyclique des activités paysannes et savoirs nourrissent enfin une écriture à la fois réaliste et poétique, donnant toute sa densité au roman paysan. En définitive, cette recherche met en lumière la portée universelle du roman rural, capable de dépasser les frontières culturelles pour exprimer, dans l’imaginaire littéraire du XXe siècle, une interrogation commune sur l’avenir d’un monde hérité du passé face aux chocs de la modernité.

La soutenance sera publique.

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Berges du Rhône

Salle Léonie Villard
18 quai Claude Bernard
69007 Lyon