Publié le 15 octobre 2023 Mis à jour le 16 février 2024
le 23 février 2024
Campus Berges du Rhône
De 14h à 16h

Axe « Enjeux contemporains de la critique et de la théorie »

Organisation : Agnès Fontvieille-CordaniLaure MichelPascale Roux et Stéphanie Thonnerieux.

Communication de : Stéphanie Thonnerieux (Maîtresse de conférences en langue française et stylistique à Lyon 2), "Gaucherie de la phrase de James Sacré".

La poésie de James Sacré (né en 1939) a rapidement imposé une oralité familière au fil des œuvres (usage des interrogatives, négation réduite au forclusif, emploi du pronom ça…). Concernant plus particulièrement l’ordre des mots, le léger retard d’un adverbe dans un énoncé, la postposition inattendue d’un adjectif par rapport au nom qu’il complète, retiennent parfois aussi l’attention. Or ces constructions ne relèvent pas toujours d’une figure ou d’un réagencement communicationnel. Si elles sont identifiables au niveau du mot, elles engagent en fait souvent la phrase, qui se trouve « bousculée juste un peu pas plus comme il faut ». L’effet produit par ces placements/déplacements assez ténus semble s’inscrire dans une poétique plus globale du « presque » ou du « mal » dit, et participer à la modalisation affective, construisant un ethos tout autant qu’un style. Au croisement des perspectives syntaxique et énonciative, et à l’articulation de plusieurs paliers (mot, phrase, texte et genre), ces constructions récurrentes chez Sacré confrontent certes la langue poétique de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle avec la langue “ordinaire”, et spécialement avec la langue parlée. Mais dans le sillage du renouvellement lyrique des années 1980, James Sacré met en place un phrasé où l’ordre des mots contribue à donner une résonance émotive singulière à ses poèmes : d’une part en raison des thèmes abordés (amour et amitié, souvenirs du monde paysan, évocations urbaines, sensations du présent…), et d’autre part parce sa pratique poétique fait du poème un processus, ce qui implique un rapport particulier à la progression dans la phrase et le texte. D’ailleurs en réception, à l’échelle du poème, ce “bougé” syntaxique est souvent perceptible en termes de rythme pour le lecteur.
 

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Berges du Rhône

Salle DEM 447
16, quai Claude Bernard
69007 Lyon