Publié le 14 octobre 2021 Mis à jour le 5 novembre 2021
le 1 décembre 2021
Hors les campus
14h

Magnétisme, électricité, spiritisme : l'imaginaire du fluide dans le théâtre du xixe siècle

Ecole doctorale : Lettres, Langues, Linguistique, Arts
Section CNU : 18 - Arts plastiques, du spectacle, musique
Equipe de recherche : Passages Arts & Littératures (XX-XXI)

Directrice : Mme Mireille LOSCO-LENA, Professeure

Membres du jury
Céline FRIGAU-MANNING - Professeure des universités, Université Jean Moulin – Lyon 3 
Mireille LOSCO-LENA - Professeure des universités, ENSATT 
Isabelle MOINDROT - Professeure des universités, Université Paris 8 
Romain PIANA - Maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 
Jean-Claude YON - Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE)

Résumé de la thèse
Sueur, larmes, salive : le lien que l’on fait ordinairement entre fluide(s) et théâtre est celui des substances corporelles tangibles que produit l’organisme de l’acteur. Or durant une longue séquence culturelle qui se déploie en France de la fin du xviiie siècle aux premières décennies du xxe siècle, le théâtre se passionne pour un autre fluide : celui qui, invisible et impalpable, circule dans et entre les corps. Entrelaçant le scientifique au spectaculaire et le spirituel à l’érotique, trois modèles prégnants dans la société française du xixe siècle placent en effet ce motif au cœur de leurs manifestations : la théorie du magnétisme animal – et son fluide universel garant de bonne santé –, l’électricité – encore appréhendée comme un « fluide mystérieux » (Beltran et Carré) ; et la pratique du spiritisme – avec ses émanations de fluides fantomatiques et autres ectoplasmes. Ce faisant, magnétisme, électricité et spiritisme fabriquent le modèle d’un corps perméable, traversé par un courant mystérieux et lui-même capable de transmettre ce courant à d’autres corps en présence. Or le théâtre est l’endroit privilégié pour le déploiement de cette représentation : il peut non seulement évoquer les prodiges inquiétants du fluide via le répertoire dramatique, mais également convoquer, dans le discours critique qui commente la représentation, le passage d’un courant entre scène et salle dont la perception constituerait le paroxysme de la séance théâtrale. Sur le plan thématique, le réseau d’images inédites offert par le magnétisme, l’électricité et le spiritisme permet à certains auteurs dramatiques du xixe siècle de questionner le phénomène d’un rapport sans toucher ; d’une influence à distance qui s’exerce à la fois dans les champs thérapeutique et érotique. Sur le plan de la représentation, l’imaginaire du fluide fournit au spectateur de quoi formuler la sensation de subjugation éprouvée à se tenir en foule dans l’hic et nunc de la séance théâtrale, mais lui donne surtout le moyen d’exprimer sa fascination pour l’acteur qu’il décrit, pour la première fois, comme un être magnétique capable d’électriser son public. Ce faisant, cette thèse résolument ancrée dans le xixe siècle se propose de faire l’archéologie de catégories fondamentales du lexique théâtral contemporain (l’énergie, la présence), rattachant ainsi des notions que l’on pense très actuelles à une séquence culturelle plus ancienne. Ce travail entend donc démontrer que magnétisme, électricité et spiritisme – trois modèles distincts traversés par le motif commun du fluide – fournissent de nouveaux outils pour penser la fascination au théâtre, mais également la fascination du théâtre.

Mots-clés
théâtre – xixe siècle – magnétisme – électricité – spiritisme – fluide – fascination – répertoire dramatique – perception de la séance théâtrale – perception de l’acteur – expérience du spectateur

Pour assister à la soutenance, envoyez un message à pauline.m.picot@gmail.com

Informations pratiques

Lieu(x)

Hors les campus

Salle Marc BLOCH