Publié le 9 décembre 2020 Mis à jour le 17 décembre 2020
du 15 octobre 2018
au 14 juin 2019
Campus Berges du Rhône
Séance 1, lundi 15 octobre 2018, 14h-17h
Séance 2, vendredi 14 décembre 2018, 14h-17h
Séance 3, vendredi 8 février 2019, 10h-13h
Séance 4, vendredi 15 mars 2019, 14h-17h
Séance 5, vendredi 14 juin 19, 14h-17h
Organisation : Julie SERMON
 

GENÈSE DU PROJET
 

Alors que le portail des Humanités environnementales, créé en 2013, rassemble de nombreux chercheur.es en géographie, histoire, philosophie, anthropologie, sociologie, sciences politiques et, dans une moindre mesure, en littérature et en psychologie, il ne compte que très peu de chercheur.es en art.

Deux raisons pourraient expliquer cette sous-représentation. La première est qu’en tant que geste fondamentalement prométhéen et anthropocentré, les arts paraissent a priori peu à même de s’inscrire dans la dynamique de questionnement propre aux humanités environnementales ; la réalité des pratiques et des préoccupations propres aux artistes contemporains exige toutefois de réévaluer ce jugement. La seconde raison, plus insidieuse, pourrait tenir à la crainte d’une instrumentalisation scientifique ou idéologique des œuvres, contraire à leur (supposée) autonomie esthétique ; or, il importe précisément de considérer les œuvres à la fois en tant que produits, en tant que vectrices et en tant que créatrices de discours, de représentations, de valeurs, d’affects, qui contribuent tour à tour à consolider, instituer ou transformer nos imaginaires collectifs.

À la différence des scientifiques, dont les productions visent à transmettre des faits et à analyser de données, les artistes ont en effet pour spécificité de construire des mondes, qui sont à la fois des expériences de pensée (des hypothèses de vie), des expériences partagées (dans le cas des arts vivants) et des espaces d’investissement (psychique et sensoriel).

Si les artistes et les chercheur.es en art ont un rôle aussi important que singulier à jouer dans le champ des Humanités environnementales, c’est précisément par leur attachement à des objets – les œuvres artistiques – qui, d’une part, peuvent contribuer à contrebalancer l’extraordinaire « décalage entre ce que nous sommes capable de produire et ce que nous sommes capables d’imaginer »1 (« manque d’imagination » que Günther Anders avait qualifié, dès 1977, de principale « immoralité » ou « faute » de nos sociétés), et qui, d’autre part, donnent lieu à des expériences de « cognition incarnée »2 – soit, une conscience enracinée dans les expériences du corps et les souvenirs (heureux ou malheureux), les émotions et les sensations (agréables ou désagréables) qui leur sont attachés, laquelle est la seule à même, selon les chercheurs en psychologie cognitive, d’impulser nos (désirs d’) actions et d’orienter nos comportements.

Telles seront en tout cas les hypothèses qui fonderont le séminaire et y seront mises à l’épreuve, dans le dialogue entre chercheur.es en art et en humanités environnementales.
 

PROGRAMME ET FONCTIONNEMENT DU SÉMINAIRE


Pour l’année 2018-2019, l’enjeu du séminaire sera de provoquer les rencontres et de développer des temps de réflexion collective entre les membres du laboratoire Passages et les chercheur.es qui, à l’échelle de l’Université de Lyon (prioritairement mais exclusivement), s’inscrivent déjà dans le champ des Humanités environnementales.

À chacune des séances (à l’exception de celle de mars), une ou des œuvres choisies dans la programmation théâtrale lyonnaise seront le point de départ des échanges interdisciplinaires. Qu’est-ce que, depuis leurs champs de spécialisation, les chercheur.es invité.es ont pensé et éprouvé face à ces spectacles ? Dans quelle mesure, de quelle façon, ces œuvres peuvent-elles résonner avec leurs problématiques ? Mais aussi : en quoi leurs savoirs et leurs outils peuvent-ils éclairer notre rapport à ces œuvres ?

 
Séance 1

Séance en résonnance avec le spectacle (très jeune public) Bestiaire végétal (Colectivo Terrón, TNG, 13-14 octobre)

  • Chercheures invitées :
    • Sabine Caillaud (MCF, Psychologie sociale, Lyon 2, GRePS (Groupe de Recherche en Psychologie Sociale) EA 4163)
      • Thèmes de recherche : écologie et psychologie sociale ; narrations et représentations du changement climatique
    • Flore Garcin-Marrou (MCF, Etudes théâtrales, Université Toulouse Jean Jaurès)
      • Thèmes de recherche : théâtre et écosophie ; micro-politique du théâtre ; ethno-fiction théâtrale
Séance 2

Séance en résonnance avec Survivre en milieu hostile  (Sarah Bahr / Thierry Bordereau, Théâtre de la Croix-Rousse, 27-30 novembre) et La Caverne (collectif l’Avantage du doute, TNG, 28 novembre et 1er décembre)

  • Chercheur.es invité.es :
    • Marie Augendre (MCF, Géographie, Lyon 2, EVS (Environnement, Ville, Société), UMR 5600)
      • Thèmes de recherche : éruptions volcaniques ; risques environnementaux et sociétés
    • Jean-Daniel Collomb (MCF HDR, Langues et littératures anglaise et anglo-saxonnes, Lyon 3, IETT (Institut d'Etudes Transtextuelles et Transculturelles)
      • Thèmes de recherche : histoire environnementale ; humanités environnementales ; John Muir
Séance 3

Séance en résonnance avec Arctique (Anne-Cécile Vandalem, Célestins, 8-11 janvier) et Soleil Blanc (Julie Berès, Célestins, 16-22 janvier)

  • Chercheurs invités :
    • Jean-Philippe Pierron (PR, Philosophie, Université Lyon 3, IRPhil – Institut de Recherches philosophiques)
      • Thèmes de recherche : éthique environnementale ; fonction éthique de l’imagination ; poétique de l’eau
    • Florian Charvolin (chercheur au CNRS en sociologie, Centre Max Weber de Lyon)
      • Thèmes de recherche : production et partage des données environnementales ; socio-histoire ; biodiversité ; pollution
Séance 4

Invitation d’Antoine Vasseur (doctorant SACRe), pour la présentation de son projet de thèse, intitulée « L'Entremêlement de l'homme et du monde : recherches scénographiques », et des hypothèses scéniques qu’il élabore en relation avec La vie des abeilles de Maeterlinck.
 

  • Répondante : Emma Merabet (doctorante Passages XX-XXI, qui mène une thèse en Arts du spectacle, sous la direction de Julie Sermon, intitulée Le devenir-installation du théâtre : penser ce qui anime la scène post-anthropocentrique.
Séance 5

Séance en résonnance avec Le temps est la rivière où je m’en vais pêcher (Henry David Thoreau / David Gauchard, Théâtre de la Croix-Rousse, 21-25 mai)

  • Chercheur invité :
    • François Specq (PR, Littérature, ENS Lyon, IHRIM (Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités), UMR 5317)
      • Thèmes de recherche : Thoreau ; nature writing ; écocritique

1. Ici et dans la suite de la phrase : Günther Anders, « Entretien avec Mathias Greffrath » (1977) in Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?, Paris : Alia, 2010, p. 65-67.
2. Ce terme est au cœur de l’essai de Franciso J. Varela, Evan T. Thompso, Eleanor Rosch, The Embodied Mind. Cognitive Science and Human Experience (MIT Press, Cambridge, 1991).

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Berges du Rhône

Séance 1 - 18 quai Claude Bernard. Bâtiment B, salle B147
Séance 2 - MILC, 35 rue Raulin, Lyon 7. Salle 410
Séance 3 - Salle E 215, 18 quai Claude Bernard
Séance 4 - MILC, 35 rue Raulin, Lyon 7. Salle 410
Séance 5 - MILC, 35 rue Raulin, Lyon 7. Salle 309
A
Itinéraire vers ce lieu Maison internationale des langues et des cultures (MILC) Maison internationale des langues et des cultures (MILC)
Pôle universitaire des quais 35 rue Raulin
69007 LYON