Publié le 1 septembre 2022 Mis à jour le 5 septembre 2024
le 1 novembre 2022
Campus Berges du Rhône
Minuit

Documenter, expérimenter, imaginer les manières d’habiter


Appel à communications pour un colloque organisé les 20 et 21 avril 2023
 

Laboratoire Passages Arts & Littératures XX-XXI, Axe « Humanités environnementales »

Résumé :
Ce colloque propose de s’intéresser à la manière dont la littérature et les arts contemporains envisagés dans toute leur diversité explorent la notion tout à la fois spatiale, poétique et politique de la « zone » à l’heure des crises climatique et écologiques. 

Argumentaire : 
Qu’elle soit réelle ou fictive, source de contamination ou de régénération, la notion de zone (à risque ou à défendre) traverse la création artistique depuis plusieurs décennies et semble resurgir avec force à l’heure de la crise écologique et du réchauffement climatique dans nombre de créations contemporaines, sans avoir pour autant fait l’objet d’une analyse approfondie (1). Du poème d’Apollinaire (Zones) au chef-d’œuvre d’Andreï Tarkovski (Stalker), ou plus récemment des romans de science-fiction d’Alain Damasio (La Zone du dehors, Les Furtifs) à la pièce de Mariette Navarro (Zones à étendre), nombreuses en effet sont les œuvres (littéraires, photographiques, cinématographiques, théâtrales, chorégraphiques, circassiennes ou marionnettiques) à mobiliser les images, les imaginaires et les pratiques de la zone. 
Cette notion, facilement identifiable mais difficilement définissable, croise tout à la fois les domaines de la géographie (zone tropicale, zone polaire), de l’aménagement du territoire (zone industrielle, zone piétonnière, zone prioritaire pour la biodiversité…) et de la géopolitique (zone militaire, zone franche, zone d’influence…). Par-delà les méthodologies et les préoccupations qui leur sont propres, chacun de ces domaines invite à considérer la zone comme un espace fondamentalement composite et relationnel. Quel que soit son champ d’application, la zone désigne en effet une étendue, plus ou moins vaste ou exigüe, caractérisée par un ensemble de traits, de fonctions et d’usages qui en définissent la spécificité. Ils en déterminent tout autant les conditions d’(in)habitabilité, selon des critères et/ou des rapports de force hautement normatifs ou au contraire anticonformistes (comme en témoigne de manière tout à fait paradigmatique l’ouvrage d’Hakim Bey, TAZ : Temporary Autonomous Zone). Avec l’émergence, au début des années 2000, de la notion géoscientifique de « zone critique » (Critical Zone)  – soit cette « zone réactive de la planète » qui s’étend des sous-sols jusqu’à la basse atmosphère, et où se jouent les « échanges d’eau, de matière et d’énergie » conditionnant la vie sur Terre (2) – le caractère relationnel et multidimensionnel de la zone s’est vu porter à son terme le plus absolu. S’est reposée en même temps et avec force la question des formes, des modes et des conditions d’existence qui s’y déploient, de manière spontanée ou imposée, contrôlée ou incontrôlable.

Ce colloque se propose donc à travers des contributions émanant de disciplines variées de porter attention à la manière dont la littérature et les arts contemporains envisagés dans toute leur diversité (littérature, arts visuels, arts vivants) explorent la notion tout à la fois spatiale, poétique et politique de la « zone » à l’heure des crises écologiques et du réchauffement climatique. 

Trois axes de réflexion pourront être envisagés, chacun d’entre eux permettant d’articuler les trois dimensions – environnementales, sociales et mentales – de l’écologie (3) :
- 1/ La zone comme objet de représentation : 
Qu’il s’agisse de zones à risque, contaminées ou à défendre, comment les zones réelles ou imaginaires sont-elles (re)présentées par les artistes et les écrivains contemporains ?  Qu’est-ce qui fait zone, qui la nomme et qui la peuple ? Quelles sont les limites de cet espace qui souvent connote le marginal, l’indéterminé, le régime d’exception ? À quel moment y entre-t-on et comment en sort-on ? Pour quelles raisons se trouve-t-on dans la zone et quelle existence y mène-t-on ?
- 2/ La zone comme laboratoire et espace d’expérimentation : 
Dans quelle mesure cet espace relativement indéterminé ou au contraire rigoureusement quadrillé de la zone peut-il apparaitre comme un lieu d’invention, d’expérimentation et de recherche pour les artistes et les écrivains, mais aussi, pour les institutions culturelles ou les collectivités territoriales ? En quoi la traversée ou l’occupation plus ou moins durable d’une zone, quelle qu’elle soit, suscite-t-elle des œuvres, des expériences, des enquêtes artistiques ? Dans quelle mesure les pratiques artistiques et littéraires sont-elles affectées par leur objet, et quelle est leur visée – célébrer, lutter, restaurer la zone ? 
- 3/ La zone comme outil critique et heuristique : 
En quoi le fait de penser les arts par ce prisme de la zone déplace-t-il non seulement les pratiques de création mais aussi celles de la recherche ? En quoi cette question fait-elle émerger de nouveaux objets et/ou de nouvelles interprétations ? Dans quelle mesure les notions de « contact-zone » (Donna Haraway) ou d’ « écotone » (qui, en écologie, désigne la zone de transition entre deux écosystèmes voisins) constituent-elles des opérateurs critiques susceptibles de nourrir la pensée esthétique et politique des œuvres et des pratiques artistiques ?  

---
 1. Il faut toutefois mentionner ici les travaux pionniers de la philosophe Jeanne Etelain qui prépare actuellement une thèse de doctorat sur ce sujet et en particulier son article « Qu’appelle-t-on zone ? À la recherche d’un concept manqué », Les Temps modernes, Gallimard, 2017, 692 (1), pp. 113.
 2. Institut des Géosciences de l’Environnement, « La Zone Critique ? » [en ligne] : https://www.ige-grenoble.fr/La-zone-critique
 3. Voir Félix Guattari, Les Trois Écologies (Ed. Galilée, 1989) ainsi que Qu’est-ce que l’écosophie ? (Ed. Lignes, IMEC, 2013).

 
Modalités de soumission : 
Les propositions de communication (400 mots environ) seront accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique et devront parvenir au plus tard le 1er novembre 2022 aux adresses suivantes : julie.noirot@univ-lyon2.fr; julie.sermon@univ-lyon2.fr

Comité d’organisation :
Pauline Guillier, Université Lumière Lyon 2 
Emma Merabet, Université Lumière Lyon 2 
Julie Noirot, Université Lumière Lyon 2
Julie Sermon, Université Lumière Lyon 2

Comité scientifique : 
Martin Barnier, Université Lumière Lyon 2
Eliane Beaufils, Université Paris 8
Jean-Christophe Cavallin, Université Aix-Marseille
Pauline Guillier, Université Lumière Lyon 2
Jérémie Majorel, Université Lumière Lyon 2
Emma Merabet, Université Lumière Lyon 2
Julie Noirot, Université Lumière Lyon 2
Jean-Philippe Pierron, Université de Bourgogne-Franche Comté
Alfonso Pinto, École Urbaine de Lyon
Julie Sermon, Université Lumière Lyon 2
Emilie Walezak, Université Nantes

 

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Berges du Rhône

Maison Internationale des Langues et des Cultures
35 rue Raulin 69007, Lyon